CPE : TOUT CA POURQUOI?
Cela fait 30 jours que les étudiants, les lycéens et les
salariés se mobilisent contre le CPE. Alors que la lutte s'installe dans la
durée et que le gouvernement indique vouloir discuter mais sans préciser quand
et comment, une question me vient à
l'esprit : tout ca pourquoi? Que va-t-il ressortir de cette crise, de cette
lutte?
Le CPE ne sera par retirer c'est une chose acquise
aujourd'hui. Par contre il sera très certainement modifié. La période d'essai
de 2 ans maximum passera à 1 an et les chefs d'entreprises devront justifier le
licenciement, même si ce dernier point est loin d'être gagné. Les syndicats,
eux, veulent le retrait du CPE, mais pourquoi faire en suite? On ne sait pas,
aucune proposition n'est faite. Aucun syndicat ne propose une solution
alternative au CPE. Va-t-on recommencer
les mêmes erreurs que sous les gouvernements de Juppé et de Raffarin? Ces 2
gouvernements avez, eux aussi, voulu mettre en place un contrat spécifique pour
les jeunes, aussitôt la rue avez protestée et les projets de loi retirés.
Résultat de ces 2 combats des
syndicats : seulement 1 jeune sur 10 sortants des études a un CDI et le chômage
des jeunes est à 18% au lieu de 9% pour l'ensemble de la population!! Pas mal
non? Alors il ne faut pas seulement incriminer les syndicats il faut aussi
rendre à César se qui est à César et reconnaitre que ces 2 gouvernements, comme celui de Dominique
de Villepin, n'ont jamais véritablement négocié sur ce sujet.
Quel sera donc le bilan de la lutte anti-CPE? En voici
quelques éléments :
- une
fracture toujours plus grande entre la classe politique et les jeunes
- des
étudiants et des lycéens déjà en difficulté avant la lutte et qui le seront
encore plus après puisque ils n'auront pas pu suivre les cours à cause de
blocage décidé, souvent, par une minorité
- des
étudiants encore plus pauvre et précaire qu'avant puisqu'il devront faire un
choix : rattraper les cours annulés tard le soir ou aller travailler pour payer
les factures et manger
- des
syndicats renforcés et qui remercieront longtemps le CPE pour leur avoir
redonné un peu de couleur après des mobilisations très faibles lors des réformes
de l'éducation en 2005.
- un
gout amer laissé par les syndicats et certains manifestants qui ont clairement
politisés la lutte sociale en demandant la démission du premier ministre dès les
premières manifestations. Et qui, alors que le dialogue semblait être ouvert
par le gouvernement, réclamaient avant toute chose le retrait de la loi et
ainsi mettre à genoux un gouvernement de droite à un an des élections.
- un gout très mais
très amer pour les 9 jeunes sur 10 qui sortent des études et qui ont le choix
entre : chômage, intérim, cdd de très courte durée ou bien stage non rémunéré
et les 18% de jeunes au chômage de puis plusieurs mois, et qui depuis bien des
mois se demandent si un jour on fera quelque chose pour eux. Et qui depuis un
mois désespèrent de voir un jour les intérêts individuels, la lutte pour une quelconque
influence sur les autres passer au second plan pour qu'enfin on s'occupe du
vrai problème : eux!
- une France en crise, qui connait
une croissance faible, et qui aurait un peu de mal à se relever d'une grève
général qui ne ferait qu'accentuer les difficultés des uns et des autres. Qui
ferait payer à la majorité des citoyens et des entreprises une situation dans
laquelle ils n'ont rien à voir.
-des chefs d'entreprise (artisan,
pme-pmi), comme moi, qui se voyaient
comme des créateur d'emploi et qui
aujourd'hui se voient traiter de créateur de chômeurs, de mec sans scrupule qui
en se rasant se demande qui il va virer pour s'occuper. Comme
si on éprouvait du plaisir à virer, à mettre au chomage
un homme, un être humain avec qui
l'on travaille chaque jour. Pour moi c'est plus une défaite qu'une satisfaction
croyez moi!!
-une classe politique qui encore une fois n'a
pas compris que le dialogue peut
faire gagner beaucoup de temps et d'argent. Mais bon ce n'est même pas sure
qu'ils comprennent la leçon. Dommage
pour nous!
Mais il y a aussi des points positifs, heureusement :
- une démocratie qui fonctionne,
ou les citoyens ont les moyens de se faire entendre même si ils ne sont pas
toujours écoutés
- une jeunesse engagée et
dynamique qui se mobilise lorsque cela est nécessaire
- une société qui débat sereinement
de ses problèmes même si il faut attendre pour cela une crise.
-etc.…
Pour conclure mon propos je repose ma question, je vous la repose : TOUT CA
POURQUOI? A vous de répondre!
Pierre-Antoine